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Moins de plastique, plus de durabilité : comment les maternités irlandaises font la différence

Rendre les maternités durables en s'attaquant aux biberons RTU

Des maternités durables en Irlande : sus aux bouteilles de lait infantiles prêtes à l’emploi.

Les biberons prêts à l’emploi, ces petites bouteilles pratiques en plastique, sont omniprésents dans les maternités. Pourtant, derrière leur utilité indéniable se cache une montagne de déchets plastiques à usage unique. En Irlande, deux maternités ont décidé d’agir pour limiter leur impact environnemental, prouvant qu’il est possible d’allier soins de qualité et responsabilité écologique. Découvrez une initiative inspirante et les actions concrètes entreprises pour diminuer l’empreinte plastique des bouteilles de lait infantile prêtes à l’emploi (RTU).

1. Les plastiques à usage unique, un fléau médical et environnemental

Les plastiques à usage unique dominent l’industrie médicale pour leur praticité et leur coût faible. Seringues, poches de perfusion, tubes en plastique : autant d’objets indispensables à la sécurité et à l’hygiène des patients, mais aussi éphémères. Achevant leur course dans les décharges, ou pire, les océans, leur impact écologique est dévastateur.

En 2016, en Irlande, seulement 35 % des déchets plastiques étaient recyclés, le reste finissant en incinération ou en décharge, aggravant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, les hôpitaux, et en particulier les maternités, jouent un rôle clé dans la gestion de ces déchets. Les biberons prêts à l’emploi (RTU), utilisés pour nourrir les nouveau-nés, illustrent bien ce dilemme entre sécurité sanitaire et durabilité. Comment évoluer vers des maternités durables alors ? Penchons nous sur les chiffres.

2. Le cas des biberons RTU dans les maternités irlandaises

Les biberons RTU (Ready-To-Use), utilisés pour nourrir les nouveau-nés dans les maternités, sont à la fois une bénédiction pratique et un fardeau écologique. Ces biberons contenant une alimentation ultra-transformée nécessitent des processus de production complexes, un transport spécifique, un stockage sous haute surveillance et, en fin de cycle, une élimination générant des déchets plastiques et alimentaires. Leur impact environnemental est donc colossal, surtout lorsqu’ils sont utilisés en grande quantité.

En Irlande, où le taux d’allaitement exclusif est parmi les plus faibles au monde (46 % en exclusivité dans les maternités), les biberons RTU représentent un déchet majeur dans les maternités. Une étude récente (Leissner et Ryan-Fogarty, Resources, Conservation & Recycling, 2019) identifie ces bouteilles comme une source importante de déchets plastiques et alimentaires avec plus de 600 000 biberons RTU utilisés chaque année, générant des tonnes de plastique.

Ces bouteilles sont constituées de plusieurs matériaux plastiques, dont du polypropylène (PP) pour le contenant principal, et d’autres matériaux composites pour les tétines et les emballages.

De plus, une étude menée au Cork University Maternity Hospital a révélé que chaque jour, environ 4,7 litres de lait infantile sont gaspillés, soit une estimation annuelle de 1 716 litres. Ce gaspillage équivaut à 23 568 biberons de 70 ml jetés chaque année, entraînant un coût estimé à 12 019,68 € par an. En termes d’impact environnemental, ce gaspillage représente plus de 170 tonnes de CO₂ émises annuellement, incluant la fabrication des bouteilles et le lait jeté.

3. Les bouteilles RTU : entre polymères et complexités logistiques

En Irlande, trois marques principales de bouteilles prêtes à l’emploi (RTU) sont utilisées dans les maternités. Deux de ces marques utilisent un emballage identique en plastique, tandis que la troisième marque travaille actuellement sur une transition vers des bouteilles en plastique remplaçant celles en verre. Ces bouteilles comportent plusieurs composants :

  • Le corps principal (PP) : fabriqué en polypropylène, un plastique léger et recyclable.
  • Les bagues et bouchons (HDPE) : généralement difficiles à détacher à la main, ce qui complique leur tri.
  • Les tétines et leurs emballages : fabriqués à partir de polymères spécialisés comme le Tyvek, utilisés pour leur barrière stérile efficace.

Une analyse des échantillons démontre que l’identification des matériaux reste difficile en raison de plusieurs obstacles:

  • Manque d’informations visibles pour les utilisateurs non experts : Les composants des bouteilles ne portent souvent pas d’indications claires sur leur nature, compliquant leur identification et leur tri par le personnel hospitalier ou les consommateurs.
  • Problématique de labellisation : Les étiquettes, lorsqu’elles existent, ne suivent pas systématiquement les standards du code RIC (Resin Identification Code). Certaines pièces utilisent des codes issus des systèmes chinois, rendant leur interprétation complexe pour un public européen.
  • Absence d’informations sur le traitement des déchets : Aucun symbole clair n’indique le type de traitement approprié pour chaque composant, qu’il s’agisse de recyclage ou de mise en décharge.
  • Risques liés aux composants souples : Les tétines, par exemple, ne précisent pas si elles contiennent des substances toxiques telles que les phtalates, connus pour leurs effets néfastes sur la santé. Cette absence de transparence complique la gestion des risques sanitaires et environnementaux.

Ces lacunes freinent considérablement les efforts de recyclage et de réduction des déchets, nécessitant des solutions systémiques pour améliorer la gestion de ces produits en fin de vie.

4. Actions mises en place pour réduire les déchets plastiques à usage unique : un exemple inspirant

Dans cette étude menée par Leissner et Ryan-Fogarty (2019), plusieurs actions concrètes ont été mises en œuvre pour réduire les déchets plastiques dans les maternées irlandaises :

  1. Promotion de l’allaitement maternel : Soutenir les professionnels de santé et les parents pour augmenter les taux d’allaitement exclusif, une priorité nationale en santé publique, afin de réduire la dépendance aux bouteilles RTU.
  2. Contrôle de la distribution des bouteilles : Réduire le gaspillage en optimisant les pratiques de distribution et en révisant les directives sur la durée d’utilisation des bouteilles ouvertes.
  3. Introduction d’alternatives réutilisables : Utilisation de bouteilles en verre stérilisables, de tétines réutilisables et de lait humain donné comme substituts aux bouteilles RTU.
  4. Éducation des parents : Former les parents à la préparation correcte des biberons et à une gestion efficace des déchets avant leur sortie de l’hôpital.
  5. Systèmes de gestion des déchets améliorés : Créer des systèmes de tri simples et efficaces impliquant toutes les parties prenantes, y compris les fabricants et les prestataires de gestion des déchets.
  6. Responsabilité des fabricants : Encourager les fabricants à concevoir des produits à base de polymères uniques ou compatibles pour faciliter le recyclage et à développer des systèmes de reprise des emballages usagés.

Ces initiatives s’inscrivent dans une approche systémique visant à améliorer la durabilité des pratiques hospitalières tout en respectant les contraintes strictes de contrôle des infections.

5. Opportunités et résultats obtenus

Bien qu’on puisse critiquer l’absence de données mesurables, l’étude de Leissner et Ryan-Fogarty met en lumière plusieurs bénéfices concrets des actions entreprises :

  • Meilleure gestion des déchets : Les maternées ont amélioré la collecte et le tri des bouteilles RTU, facilitant leur traitement et réduisant les erreurs de tri.
  • Réduction des impacts environnementaux : Bien que les données quantitatives manquent, l’étude démontre un potentiel de réduction des déchets grâce à des solutions ciblées, notamment l’introduction d’alternatives en verre et le partenariat avec des centres de recyclage locaux.
  • Sensibilisation accrue : La formation des équipes hospitalières a permis de sensibiliser au tri des déchets, posant les bases pour des améliorations continues.

Ces résultats illustrent comment une approche systémique et collaborative peut poser les bases d’une réduction significative des plastiques à usage unique dans les maternités. Des maternités durables peuvent voir le jour avec des initiatives simples centrées sur des actions prioritaires.